Les maladies et allergies transmises par les tiques (MVT)
-
Sommaire
La borréliose de Lyme ou maladie de Lyme
Cette infection est due à des bactéries appartenant au complexe d’espèces Borrelia burgdorferi. Ce groupe de bactéries a été découvert dans le village de Lyme (Massachusetts) en 1984 par Willy Burgdorfer.

Depuis cette date, 21 espèces ont été décrites, dont neuf sont impliquées dans la maladie de Lyme chez l’humain. Malgré leur découverte récente, ces bactéries sont très anciennes. L’ADN de Borrelia burgdorferi a été retrouvée dans la momie Ötzi âgée de 5.300 ans.

Seules les tiques du genre Ixodes peuvent transmettre Borrelia burgdorferi à l’humain au moment d’une piqûre. Le risque de transmission de cette bactérie de la part des larves d’Ixodes ricinus (le premier stade de vie de la tique) est extrêmement bas, en revanche il y a transmission transovarienne de la mère aux œufs pour d’autres type d’agents pathogènes, par exemple les bactéries du genre Rickettsia.
Donc, n’importe quel stade de tique a piqué (même une larve), il faut toujours suivre l’évolution du point de piqûre pour au moins 1 mois.
La borréliose de Lyme n’est pas contagieuse. Elle ne se transmet pas par contact avec un animal porteur de tiques (oiseaux, chiens, chats, etc.) ni d’une personne à une autre. Toutes les tiques ne sont pas infectées.
Dans les 3 à 30 jours après la piqûre, la borréliose de Lyme peut apparaître d’abord sous la forme d’une plaque rouge qui s’étend en cercle de plus de 5 cm de diamètre (érythème migrant) à partir de la zone de piqûre (photo à gauche), puis disparaît en quelques semaines à quelques mois. La simple observation d’un érythème migrant justifie un traitement antibiotique par le médecin traitant sans autre investigation complémentaire (pas de sérologie nécessaire). Il faut différencier d’un érythème migrant, une réaction à la salive de tique qui peut apparaître quelques heures après la piqûre et persister plusieurs jours (photo à droite).
Avec ou sans érythème migrant, il faut consulter un médecin en cas de symptômes grippaux (fièvre, maux de tête, etc.), fatigue inhabituelle et inexpliquée, douleurs articulaires, paralysie faciale, gonflement des ganglions proches de la piqûre, formation d’une croute noirâtre sur le point de piqûre.
Actuellement, il n’existe pas de vaccin contre cette maladie.
Pour en savoir plus, consultez le site internet de la Haute Autorité de Santé.
La méningo-encéphalite virale (encéphalite à tique)
Le virus TBE (Tick Borne Encephalitis), responsable de la méningo-encéphalite à tiques, est transmis principalement par les tiques du genre Ixodes et est endémique en Europe centrale et de l’Est.
Moins connue, cette infection virale peut entraîner des symptômes grippaux et, dans une minorité de cas, engendrer des atteintes neurologiques ou cérébrales. Le vaccin pour cette maladie existe et la vaccination est recommandée pour les personnes qui vivent ou se rendent dans les zones à risque détaillées à la page Vaccination-Info-Service.fr. Il s’agit de la seule maladie vectorielle à tiques pour laquelle on peut être vacciné.
Pour connaître mieux cette maladie, depuis 2021 elle est devenue une maladie à déclaration obligatoire. Pour avoir plus d’information visitez le site de Santé Publique France ou lisez ce communiqué de l’ANSES.
Les autres maladies vectorielles à tiques
En Europe, les tiques peuvent transmettre plusieurs autres agents pathogènes entre bactéries, parasites et virus. Ces agents infectieux semblent plus rares mais leur connaissance est encore assez limitée. Pour en savoir plus, téléchargez la fiche éditée par la Haute Autorité de Santé.
Parmi d’autres maladies vectorielles à tiques, nous pouvons lister :
- les rickettsioses à tiques (groupe boutonneux). De ce groupe, la fièvre boutonneuse méditerranéenne (ou spotted fever en anglais) est la plus connue, ensemble à TIBOLA. Ces maladies sont causées par des bactéries du genre Rickettsia.
- La tularémie, une maladie causée par la bactérie Francisella tularensis. En Europe, Dermacentor marginatus, Dermacentor reticulatus et Ixodes ricinus sont les principales tiques pouvant transmettre la maladie. Au delà d’une piqûre de tique, de puce, de mouche du cerf infectées, cette bactérie peut pénétrer dans l’organisme aussi via l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés, inhalation ou contact direct avec les tissus ou matériels infectés. La tularémie ne se transmet pas d’un individu à l’autre.
- La babésiose humaine, causée par un parasite protozoaire du genre Babesia et transmis par la tique Ixodes ricinus.
- L’anaplasmose granulocytaire humaine, causée par la bactérie Anaplasma phagocytophilum transmise par les tiques Ixodes ricinus en Europe. Cette maladie peut aussi être transmise aux chiens, aux ruminants et aux chevaux après une piqûre de tique.
- La fièvre hémorragique de Crimée-Congo, causée par le virus FHCC et transmise par la tique Hyalomma marginatum, mieux connue comme la tique à pattes rayées ou, à tort, tique géante. Jusqu’à maintenant (2024), il n’y a jamais encore eu de cas de cette maladie en France, mais en 2023 pour la première fois, une équipe de chercheurs du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), qui surveille Hyalomma marginatum depuis environ une dizaine d’années, a détecté ce virus dans des tiques récoltées en Occitanie.
Pour en savoir plus, consultez ces articles :
La tique à pattes rayées sous surveillance
Première détection du virus de la Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo dans le Sud de la France
Article de Santé Publique France dédiée à Hyalomma marginatum
Les MVT intéressent également les animaux domestiques ou d’élevage. Parmi ces maladies, voici les plus connues :
- La piroplasmose (babésiose pour les humains) ou babésiose canine ou équine, est une maladie due à un parasite protozoaire du genre Babesia. Le parasite est transmis par la piqûre de certaines tiques, en particulier Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus. La tique Hyalomma marginatum transmet surtout des piroplasmoses bovines et équines.
- L’ehrlichiose, maladie causée par des bactéries du genre Ehrlichia véhiculée en Europe par la tique Ripicephalus sanguineus.
- La fièvre Q (Q pour Query, doute en anglais) est causée par la bactérie Coxiella burnetii. Elle peut infecter la plupart des espèces animales de la faune domestique ou sauvage et elle peut être transmise à l’humain. Pour en savoir plus, lisez cet article publié par l’ANSES.
Devenez incollable sur ces agents pathogènes :
Découvrez nos « Fiches pathogènes », des fiches résumant l’écologie de ces agents pathogènes, leur distribution dans le monde et le pourcentage de présence dans les tiques en Europe :
Faire comme pour les fiches tiques
L’allergie à la viande rouge
Au delà de la transmission d’agents infectieux responsables de certaines maladies, les tiques peuvent aussi être responsables du développement de l’allergie à la viande rouge, appelée syndrome alpha-gal.
L’alpha-gal (Alphagalactose) est un sucre présent dans la salive des tiques et dans la viande rouge, sauf celle des primates.

Après une piqûre de tique, il est possible de développer des anticorps à ce sucre, ce qui déclenche l’allergie. Une complication est donnée par le fait que la réaction allergique n’est pas ou très rarement simultanée avec la consommation de viande ; cela peut prendre entre 2 à 4 heures à partir du contact avec l’alphagalactose. Cette complication peut générer des difficultés dans la reconnaissance de l’allergie, qui peut apparaître même après la consommation de produits transformés à base de viande (bouillon, produits contenant de la gélatine, etc.). Les possibles effets vont de troubles gastriques jusqu’au shock anaphylactique.
En cas de symptômes allergiques liés à la consommation de viande rouge, il est conseillé de consulter un allergologue.
Les différents agents pathogènes ne peuvent pas être transmis par les mêmes vecteurs
Une des idées reçues circulant sur les maladies vectorielles à tiques concerne le fait que Borrelia est transmissible aussi par d’autres vecteurs au delà de la tique, par exemple Borrelia serait transmise par la piqûre des moustiques, des taons ou des araignées. Cela n’est pas possible car les différents agents pathogènes sont spécialisés pour être transmis par « leur vecteur ». Par exemple, Borrelia Burgdorferi sensu lato est transmissible seulement par Ixodes ricinus car l’agent pathogènes se lie à des protéines présentes exclusivement présentes dans sa salive. Il est possible de trouver des traces de Borrelia à l’intérieur d’un moustique si elle a piqué un micromammifère infecté, mais Borrelia de pourra pas infecter l’hôte suivant piqué par le moustique car Borrelia ne pourra pas « s’activer » sans la protéine présente dans la salive d’Ixodes ricinus.

Les Centres de Référence des Maladies Vectorielles liées aux Tiques – CRMVT
Ce sont des services de Maladies Infectieuses spécialisés dans la prise en charge des maladies transmises par les tiques et notamment la maladie de Lyme. Leurs missions sont l’expertise et la prise en charge de recours, le partage d’informations et la communication, la recherche et l’enseignement sur la thématique des maladies transmises par les tiques et la borréliose de Lyme. Il en existe 5 en France : Rennes, Paris (Villeneuve-Saint-Georges), Strasbourg-Nancy, Clermont-Ferrand – Saint-Étienne, Marseille, plus nombreux autres centres de compétences. Pour en savoir plus, visitez leur site internet.
Pour en savoir plus
Voici une liste de site web institutionnels en France pour en savoir plus sur les maladies transmises par les tiques.
- Centres de Référence des Maladies Vectorielles liées aux Tiques – CRMVT
- Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités – Dossier sur la maladie de Lyme
- Haute Autorité de Santé – Parcours de soins de patients présentant une suspicion de borréliose de Lyme
- Santé Publique France – Dossier sur les maladies à transmission vectorielle – Dossier sur la borréliose de Lyme – Dossier sur l’encéphalite à tiques – Dossier sur la tularémie – Actualité sur la fièvre hémorragique de Crimée-Congo
- ANSES – Dossier sur les tiques
- Réseau Sentinelles
- Haut Conseil de la Santé Publique
- Ameli – le site d’information santé de l’Assurance maladie
- European Center for Disease Control and Prévention – Tick maps