CiTIQUE est un programme scientifique porté par

La tiquothèque

    Sommaire

Qu’est-ce que la tiquothèque ?

Base de données tiquothèque

La tiquothèque est un lieu de stockage physique associé à une base de données dont l’accès est réservé aux gestionnaires du programme. Cette plateforme, déployée en 2020, s’appuie sur un logiciel libre open source : Dolibarr, un logiciel de gestion d’entreprise et d’association porté par une communauté de développeurs et animé par une association française.

Les contributeurs CiTIQUE signalent une piqûre de tique sous la forme d’une géolocalisation et d’un contexte associé, et sont invités à récolter et envoyer la ou les tiques piqueuses au Laboratoire Tous Chercheurs de Nancy, au Centre INRAE Grand Est-Nancy. La tique est stockée dans cette banque de tiques piqueuses constituée par des congélateurs.

À quoi ça sert ?

La tiquothèque permet de suivre, stocker et tracer l’histoire des tiques reçues et permet de croiser les signalements de piqûre avec les analyses des tiques. Les tiques ne sont pas analysées toutes immédiatement, les chercheurs doivent donc stocker et gérer une banque de 3 contenus en croissance très rapide et avec plusieurs milliers de données : les signalements de piqûre, les échantillons de tiques et les résultats d’analyse associés.

Cette tiquothèque est à la disposition des chercheurs CiTIQUE et toutes les équipes de recherche intéressées à exploiter ses données et ses tiques, sous conventionnement préalable avec INRAE.

Pochettes contenant les tiques de la tiquothèque
Archivage des tiques envoyées par les citoyens © CiTIQUE

Le parcours d’une tique de la tiquothèque

Vous êtes piqué, vous signalez votre piqûre via une des trois méthodes proposées par CiTIQUE, vous conditionnez la tique qui vous a piqué et vous l’envoyez au Laboratoire Tous Chercheurs de Nancy.

Première étape : le dépouillage

Une fois les tiques arrivées dans nos locaux, après avoir passé un petit séjour dans un congélateur, nos tiquothécaires se mettent à l’œuvre, munis de gants et de blouses : votre lettre vient soigneusement « dépouillée », les tiques y contenues sont mises dans un sachet plastique et un numéro d’archive lui est attribué, étape essentielle pour ne pas perdre la tique dans les méandres de la tiquothèque. Le sachet est ensuite apposé dans un des congélateurs de la tiquothèque.

Deuxième étape : le pointage

La tiquothèque est constituée par des congélateurs, où les tiques sont gardées, et par une base de données contenant les signalements des citoyens. Une fois qu’une tique signalée arrive à la tiquothèque, il faut retrouver les données de signalement qui lui sont liées, ou les saisir si le contributeur a signalé la piqûre via un formulaire papier ou en forme libre. Nos tiquothécaires, à nouveau, se mettent à l’œuvre, cette fois-ci munis d’un ordinateur : via le numéro attribué par l’application ou la plateforme web de signalement, qui doit être indiqué sur le courrier par le contributeur, ils vont retrouver les données liées à la tique archivée lors de l’étape du dépouillage, et le numéro d’archive est associé au numéro de signalement. Si le contributeur n’a pas signalé (donc la tique n’a pas de numéro de signalement attribué) les tiquothécaires saisissent directement les données manuscrites dans la base de données. La liaison entre la tique piqueuse et les données de signalement la concernant est faite.

Troisième étape : l’identification

Les tiquothécaires, munis de gants, blouse et loupe binoculaire, ont en charge aussi la troisième étape : l’identification du stade et de l’espèce des tiques. Dans la tiquothèque se trouvent plus de 70 000 tiques, il est donc impossible de tout identifier, mais selon les besoins des chercheurs, des échantillons représentatifs sont analysés au fur et à mesure. L’identification sert à comprendre quels stades et quelles espèces piquent plus l’humain ou l’animal ou si certaines espèces de tique sont présentes dans toute la France.

Identification de tiques à la loupe

Quatrième étape : l’analyse

Toujours sur des échantillons choisis au préalable selon la question de recherche traitée, INRAE analyse par PCR certaines des tiques de la tiquothèque. Cette analyse permet de détecter l’ADN de 37 agents pathogènes entre bactéries et parasites qui peuvent être présents dans les tiques, ainsi que 2 ADN marqueurs d’espèce de tique, qui permettent assurément de savoir à quelle espèce la tique appartient. Ces données permettent de mieux estimer les risques d’être infecté après une piqure de tique en fonction de l’espèce de la tique, des régions et des saisons. Par contre, la méthode d’échantillonnage citoyenne de CiTIQUE (récolter les tiques piqueuses à sec ou dans de l’éthanol à 70%) ne permet pas d’analyser les éventuels virus contenus dans les tiques.

Voici les agents pathogènes recherchés dans les tiques de la tiquothèque :

Bactéries :

  • Borrelia (8 espèces),
  • Bartonella (plusieurs espèces),
  • Ehrlichia (plusieurs espèces),
  • Neoehrlichia (1 espèce),
  • Francisella (plusieurs espèces),
  • Anaplasma (6 espèces),
  • Rickettsia (6 espèces),
  • Coxiella (1 espèce),

Parasites :

  • Apicomplexa (plusieurs espèces)
  • Babesia (7 espèces)

Les tiques orphelines

Parfois, nous recevons des tiques qui ne correspondent à aucun signalement dans la base de données, et pour lesquelles le contributeur n’a pas indiqué plus d’informations (qui a été piqué, quand et où). Ces tiques, appelées « orphelines », ne peuvent pas faire partie de la tiquothèque car elles ne peuvent pas être exploitées sans les données écologiques présentes dans le signalement de piqûre. Néanmoins, s’il est possible, ces tiques sont utilisées par l’équipe CiTIQUE pour tester des protocoles divers et variés, ou pour faire pratiquer l’identification aux stagiaires de passage au Laboratoire Tous Chercheurs de Nancy.

Comment conditionner les tiques avant l’envoi ?

Un bon conditionnement des tiques reçues au Laboratoire Tous Chercheurs garantit leur archivage optimale dans notre tiquothèque, ce qui permet aux scientifiques de les utiliser pour leurs recherches.

Les recommandations évoluent

Dans nos premières recommandations datant de 2017, nous conseillions de scotcher les tiques sur une feuille. Avec le temps, nos tiquothécaires ont observé que cette méthode entraîne souvent la perte des pattes ou des pièces buccales de la tique lorsqu’on essaie de la décoller avant identification. Nous recommandons donc aujourd’hui de limiter autant que possible ce mode de conditionnement.

Des modes de conditionnement des tiques adaptés et moins adaptés

Dans du papier absorbant : OUI

  • Déposez la tique vivante ou morte sur un papier absorbant
  • puis emprisonnez-la en refermant le papier absorbant autour d’elle pour qu’elle ne s’échappe pendant le transport, tout en prenant soin de ne pas l’écraser.
  • Scotchez le papier absorbant sur une feuille de papier support, comme illustré ci-dessous :

Dans un kit de collecte CiTIQUE : OUI

Déposez la tique dans le petit tube contenu dans le kit tel que recommandé dans la procédure fournie avec le kit. Ces kits de collectes sont distribués lors de manifestations, via nos partenaires ou via l’envoi à des professionnels ou groupes de personnes motivées.

Libres dans l’enveloppe : NON

Si l’enveloppe n’est pas scellée, la tique, qui est rarement morte après retrait, peut s’échapper pendant le transport et l’enveloppe qui nous arrive est vide. C’est dommage à la fois pour vous, qui avez pris le temps de faire un envoi, et pour nous, qui n’avons pas reçu votre tique.

Enroulées dans le scotch : NON

Il faut parfois jusqu’à 15 minutes pour retirer une tique de sa gangue de scotch, et bien souvent elle est détériorée lors de la manipulation, ce qui peut nous empêcher de l’identifier.

Brulées à la flamme : NON

Une tique brûlée sera plus difficile à identifier et de plus, la recherche des agents pathogènes qu’elle pourrait contenir risque d’être entravée.

Renfermées dans un sachet à destination alimentaire : NON

Les tiques sont de très petite taille, les insérer dans des grands sachets à destination alimentaire allonge le temps de dépouillage.

Le « tiquothèquomètre »

Trouvez ici le tiquothèquomètre, une illustration résumant les différentes pratiques de conditionnement des tiques qui ont été recensées par notre tiquothécaire. Nous les avons hiérarchisées et pour chacune d’entre elles, nous avons indiqué si elles étaient recommandées ou déconseillées. 

Curiosités de la tiquothèque

Une tique venue de loin : Amblyomma variegatum

Amblyoma variegatum mâle, face dorsale
Amblyomma variegatum mâle, face dorsale – J. Durand
Amblyomma variegatum mâle, face ventrale – J. Durand

En novembre 2024, pour la première fois, nous avons reçu depuis l’Ariège une tique mâle de l’espèce Amblyomma variegatum ayant piqué un cheval. Normalement cette espèce vit en Afrique Subsaharienne ou dans les Antilles, mais ce spécimen a probablement parcouru plus de 3 000 km à l’état immature sur un oiseau, avant d’arriver en Ariège.

Malheureusement pour elle, son histoire s’est finit en solitaire à la tiquothèque : les mâles piquent généralement des bovins et sécrètent des phéromones pour que des femelles viennent se nourrir près d’eux. Ils peuvent alors en féconder plusieurs et même parfois passer à un autre hôte pour piquer à nouveau, si besoin. 

Comme vous l’imaginez, notre tique n’a donc pas dû avoir beaucoup de chance : elle est probablement arrivée au printemps sur un oiseau, a réussi à survivre malgré un climat différent de celui habituel pour elle, n’a pas réussi à trouver d’hôte bovin mais un cheval, et aurait pu encore attendre longtemps, car aucune femelle ne serait venue pour être fécondée… De toute façon, elle n’aurait pas survécu à l’automne et à l’hiver européens.

Cet événement montre que le fait de trouver une tique à un certain endroit, ne signifie pas forcement qu’elle y est installée et capable d’y réaliser son cycle de vie !