Suite aux questions parvenues après le lancement de CiTIQUE-TRACKER, nous vous présentons notre FAQ. Nous espérons mieux vous éclairer quant à l’usage et l’interprétation des données de notre outil en ligne. Nous vous remercions également pour l’intérêt que vous avez témoigné par vos nombreux retours. Nous tenons également à vous informer que l’équipe CiTIQUE prend une pause estivale du 7 au 18 août. Afin de nous permettre de recharger les batteries, nos services seront suspendus durant ces deux semaines. Nous serons de retour le lundi 21 août, avec une énergie renouvelée pour continuer ensemble notre mission de prévention des risques liés aux tiques ! Merci pour votre soutien et protégez-vous des tiques, qui elles, ne prennent pas de vacances !
Comment expliquer la hausse du nombre de signalements observée en 2020 ?
L’année 2020 a été une année exceptionnelle et marquée par plusieurs évènements qui peuvent expliquer cette augmentation significative. Premièrement, les conditions météorologiques étaient très favorables aux tiques et aux humains : il faisait chaud et légèrement humide, ce qui est bénéfique pour la principale espèce de tique en France, Ixodes ricinus. De plus, les week-ends étaient favorables aux activités en extérieur. Deuxièmement, c’était la première année de la pandémie du Covid-19 et, à la sortie du confinement (avec de nombreuses restrictions toujours en place et beaucoup d’activités proscrites) de nombreuses personnes sont sorties pour profiter de la nature. D’ailleurs, il est intéressant d’observer que chez nos voisins frontaliers comme la Suisse, l’année 2020 a été marqué par un recul de la plupart des maladies infectieuses, sauf de l’encéphalite à tique (seule maladie à tiques surveillée) qui a explosé cette année-là. Troisièmement, nous avons également lancé une nouvelle version de l’application Signalement TIQUE le 12 mai 2020, accompagnée d’un communiqué de presse à portée nationale, ce qui a permis à un plus grand nombre de personnes de connaitre le programme CiTIQUE par rapport aux années précédentes.
Depuis, comment expliquer la baisse de signalements constatée sur les 3 dernières années ?
Pour les années suivantes, il est important de noter que 2021 a connu une incidence élevée de piqûres dans l’ensemble, bien que le niveau de signalement n’ait pas atteint celui de l’année précédente. On peut aussi observer qu’en 2021 la plupart des week-ends de mai et juin ont été pluvieux. La météo chaude et humide était idéale pour les tiques, mais pas nécessairement pour les humains pour sortir dans la nature. En revanche, l’année 2022 a été très sèche, et nous avons effectivement observé peu de piqûres. Concernant 2023, il est encore trop tôt pour déterminer la suite. Globalement, cette diminution observée au cours des deux dernières années pourrait aussi être due à une baisse de motivation de la part des citoyens, même si cette diminution a aussi été observée dans les résultats d’un programme similaire en Belgique et dans les données sur les tiques collectées en Alsace par le CNR Borrelia, bien que les populations de tiques puissent varier considérablement d’une forêt à l’autre selon cette étude.
Quelle est la tendance de ce début d’année (2023) par rapport aux autres ?
Pour le moment, au cours de la première moitié de 2023, les tendances suggèrent que nous ne nous dirigeons pas vers une année avec un fort taux de piqûres de tiques. Ce constat peut être lié à un hiver et un début de printemps très sec, qui ne sont pas très favorables au développement des tiques. Cependant, rien n’est encore certain, ce sont les précipitations qui vont influencer le taux d’humidité dans l’air et favoriser ou non la prolifération des tiques. Il est difficile d’avoir ce pouvoir prédictif fiable pour l’instant. De plus, le communiqué de presse concernant le lancement de CiTIQUE-TRACKER pourrait avoir une influence sur le nombre de piqûres déclarées en faisant connaître CiTIQUE davantage. En même temps, cela pourra inciter les lecteurs à se protéger efficacement contre les tiques.
Par rapport aux données déjà publiées dans le passé concernant les zones de prolifération des tiques, peut-on déduire une corrélation entre le nombre de tiques et le nombre de piqûres ? Plus il y a de tiques recensées dans une région, plus il y a de signalements de piqûres ?
La relation est plus complexe qu’il n’y paraît. Pour approfondir cette question, nous vous invitons à consulter cet article produit par notre ingénieur du programme CiTIQUE Jonas Durand pour expliquer comment interpréter une carte de signalements de piqûres. En résumé, plusieurs conditions doivent être réunies pour obtenir des signalements de piqûres : la présence des tiques, la proximité d’humains, et surtout la connaissance du programme CiTIQUE. Enfin, les personnes piquées doivent également souhaiter signaler les piqûres. Il s’agit d’une combinaison de facteurs qui influencent les chiffres des données de signalement. Ainsi, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de signalements de piqûres à un endroit qu’il n’y a pas de tiques, cela peut aussi s’expliquer par un manque de personnes qui se font piquer.
Quel est le lien entre piqûres des tiques envers les animaux et envers les humains ? Est-ce qu’un animal piqué peut favoriser la piqûre humaine ?
Les animaux ne se font pas nécessairement piquer par les mêmes tiques que les humains. Au Laboratoire Tous Chercheurs, en collaboration avec les citoyens participants aux stages Tous Chercheurs-CiTIQUE, nous avons analysé plus de 1000 tiques piqueuses de chats et chiens. Nous avons constaté qu’il s’agissait des mêmes espèces de tiques qui piquent l’humain, bien que les stades de développement puissent différer. Chez les animaux, nous retrouvons davantage de tiques au stade adulte (troisième et dernier stade de la vie d’une tique), tandis que pour les humains, nous retrouvons principalement des nymphes (deuxième stade). C’est pourquoi, les signalements de piqûres sur les animaux fournissent des informations complémentaires aux signalements de piqûres sur les humains.
De plus, grâce à l’implication des citoyens, nous étudions actuellement le problème des tiques qui piquent à l’intérieur du domicile. Dans de nombreux cas, selon les témoignages, il s’agit de tiques introduites à l’intérieur par des animaux de compagnie, ce qui suggère un lien entre les deux. Ces informations sont précieuses. En revanche, nous constatons que les propriétaires d’animaux nous signalent la première piqûre de l’année mais ne continuent pas à signaler les suivantes. Pour obtenir des résultats plus significatifs, il est nécessaire que tous les cas de piqûres soient signalées.
Comment expliquer le hausse d’activité des tiques en mai-juin-juillet ?
L’espèce de tique la plus commune en France est particulièrement active lorsqu’il fait chaud et assez humide. Le printemps est donc la saison privilégiée pour son activité, bien qu’elle puisse être présente tout au long de l’année. C’est également à cette période que les hôtes naturels des tiques, c’est-à-dire les animaux sauvages, sont très actifs. Concernant les humains, c’est notamment la saison où nous commençons à passer plus de temps à l’extérieur, en se couvrant moins car il fait plus chaud.
Est-ce qu’il faut prendre ces données avec des pincettes, puisque tout le monde ne signale peut-être pas ses piqûres ?
Les données mentionnées proviennent de notre programme de recherche participative, ce qui peut entraîner des biais liés à un manque de personnes qui signalent leurs piqûres. Cependant, les données sont déjà très précieuses, en raison de leur nombre. Elles rejoignent par exemple les résultats des enquêtes baromètre santé de Santé Publique France.
Récemment, des collègues de l’INSERM ont utilisé nos données comme indicateur de l’exposition des français aux tiques dans un modèle mathématique, afin d’expliquer les variations spatiales et saisonnières d’incidence des cas de Lyme rapportés par le réseau Sentinelle. Dans leur étude, ils ont constaté que ces données constituaient de bons prédicteurs dans leur modèle, qui prenait aussi en compte des données climatiques et des populations de cervidé.
Nous vous encourageons à signaler régulièrement vos piqûres, car plus il y aura de participants et de signalements, meilleures seront les informations que nous pourrons en tirer. Continuons donc à signaler et à motiver le plus grand nombre à participer à cette démarche !
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